Symboles religieux et sexisme

Par Johane Filiatrault

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Là où le bât blesse en ce qui concerne les symboles religieux, c’est qu’ils sont la plupart du temps porteurs de valeurs sexistes, comme sont sexistes la plupart des grands systèmes religieux.

Faisons un bref survol des règles religieuses discriminatoires qui existent encore de nos jours…

  • chez les catholiques, les orthodoxes et plusieurs autres groupes chrétiens, la femme ne peut accéder à aucune forme de sacerdoce ;
  • chez les musulmans, pour des raisons de convenance, la femme ne peut pas diriger la prière publique (surtout si des hommes font partie de l’assemblée de prière) même si, selon leurs propres termes, « la personne qui dirige la prière doit être celle qui en sait le plus »;
  • chez les hindouistes : « Il n’existe pas de femmes prêtres hindoues, ni en Inde ni au Sri Lanka[1]» et pour ce qui est du domaine domestique, « bien que la conduite de son époux soit blâmable, bien qu’il se livre à d’autres amours et soit dépourvu de bonnes qualités, une femme vertueuse [sati] doit constamment le vénérer comme un Dieu[2] » ;
  • dans le judaïsme : « Bien des postes de responsabilité gagneraient, sans aucun doute, à être occupés par des femmes plutôt que par des hommes. Mais on ne pourrait attribuer à ces fonctions le sens d’une “dignité sociale”, d’une nomination. Ce refus d’une “nomination” des femmes est une disposition de la Guemara avec force de loi, stipulant qu’une femme ne peut être nommée reine parce qu’il est dit : “Tu mettras sur toi un roi”, un roi et non une reine.[3]»

C’est parce que ces règles religieuses sexistes sont encore prônées de nos jours, qu’il faut, selon moi, éliminer les symboles religieux des espaces publics[4], afin de se distancer formellement de ces pratiques séculaires qui briment les droits fondamentaux des femmes.

Surtout que cette discrimination basée sur le genre, au sein des religions, n’est pas en voie de se résorber. Puisque les chefs des grandes religions du monde sont, encore aujourd’hui, presque exclusivement des hommes, les femmes y perdent, au fil des siècles, des droits qui leur étaient souvent reconnus à l’origine même de ces confessions. Et une fois que ces restrictions ont été mises en place par les dirigeants mâles, ils font de ces nouvelles règles des « lois divines » intouchables et permanentes.

De plus, on n’a qu’à lire les dernières nouvelles concernant certains gourous modernes[5] et la manière dont ils asservissent des femmes comme esclaves sexuelles ou esclaves tout court pour se rendre à l’évidence que le phénomène religieux sexiste est loin d’être en voie de disparition. C’est donc pour protéger les générations à naître qu’il faut impérativement bannir toute religion de notre espace public (écoles privées incluses !), afin qu’aucun·e enfant québécois·e ‒ quelle que soit son origine ethnique ‒ ne soit embrigadé·e dans un système de pensée sexiste qui serait soi-disant d’origine divine. L’État doit légiférer à ce sujet afin d’éviter d’être accusé de défendre ces systèmes discriminatoires basés sur le genre ou de prôner leurs enseignements sexistes.

Il y a des valeurs qui priment sur d’autres et l’égalité des genres doit primer sur le droit à exercer sa religion dans l’espace public.

 

… Une définition du sexisme vient d’être adoptée ce jeudi 28 mars par le Conseil de l’Europe : « une manifestation des “rapports de force historiquement inégaux” » entre femmes et hommes « conduisant à la discrimination et empêchant la pleine émancipation des femmes dans la société ». Sexisme et violence envers les femmes et les filles sont liés, insiste l’organisme, « puisque le sexisme “ordinaire” fait partie d’un continuum de violences », créant un « climat d’intimidation, de peur, de discrimination, d’exclusion et d’insécurité ».

[1] Propos de Sasikumar Tharmalingam, prêtre de la communauté Saivanerikoodam, de la maison des religions à Berne.

[2] Le Grand Secret, Maurice Maeterlinck, éditions transatlantiques

[3] La condition de la femme dans le judaïsme – Interview de M. le Grand Rabbin Ernest Gugenheim – Propos recueillis par Léa Marcou.

[4] J’entends par « espaces publics » les lieux où s’exercent les activités et le pouvoir de l’État.

[5] Patrick Salibi de Montréal, se proclamant le « champion de l’utérus », et Keith Raniere, arrêté récemment par le FBI.

 

Ta colère : un feu sacré

Par Judy Emmanuelle

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Tu ne vois aucune magnificence dans tout ce qui incarne le feu

Tu blâmes la flamme

Tu réprouves la lave

Tu juges les cendres

Tu ne t’inspires pas du phénix que tu veux arborer.

 

Et pourtant je m’éblouirais de la force de ta rage

Apaisée que tu souffles au dehors

le feu qui te brûle les os d’être gardé au dedans

Enchantée de constater que les flammes dansent enfin dans tes mots…

 

Je ne craindrais jamais les éruptions passionnelles de ton cœur

Je m’escompterais toujours privilégiée de pouvoir fouler le sol volcanique de ton antre

Écoutant tes grondements et mugissements tapis dans l’ombre

T’incitant à exister

 

Ne t’excuse jamais de faire couler les rivières ou de faire tomber la pluie…

Toute la magnificence de la terre est tienne si tu le décides

Parce toute la magnificence du monde est en nous

Et tu n’auras jamais vraiment ce lien auquel tu aspires

Si tu gardes enfermé le dragon alors qu’on pourrait en constater la puissance

 

Ta colère est une émotion puissante que tu crains…

Ne crains pas la bête

Dompte-la

Monte-la

Et constate comment elle peut t’éblouir par sa force d’action

T’emmener plus loin de ce que tu as eu plus que suffisamment

Et détruire ce qui doit l’être

Fertilisant les nouvelles possibilités à naître

 

Tu veux la rose, sans épines

Tu veux le soleil, mais pas le feu

Tu veux son cœur, mais sans colère

 

Une personne travaillera à ne pas brûler quand tu es là…

Mais, pauvre enfant,

La flamme dans ses yeux, tu ne l’auras peut-être plus

 

Tu veux le soleil, mais pas le feu…

Pourtant tu devrais le savoir

On n’a aucun

Ou on a les deux

 

Je t’aime

 

L’humain a-t-il une âme ?

Par Jeanne du Mont

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Supposons que Dieu existe… (Soit oui, il existe, ou bien non, il n’existe pas : nous faisons face à une probabilité d’existence de 50%, une proportion suffisamment élevée pour qu’on se penche sur la question, non ?)

S’il existe, donc, il doit bien être, au minimum, un être pensant et sensible à l’autre, deux attributs que l’on retrouve couramment dans le monde des êtres animés. Quoi ? Même une fourmi pense, et elle a, de plus, le souci du bien de l’ensemble de l’espèce puisque, si l’une d’entre elles tombe par hasard sur un morceau de nourriture malencontreusement échappé sur le plancher de ma cuisine, elle est suffisamment capable de conceptualiser la chose pour aussitôt communiquer la bonne nouvelle à toutes ses congénères, provoquant un embouteillage monstre sur le chemin qui mène à mon garde-manger. Tout de même, Dieu devrait avoir une capacité au moins équivalente !

Il pense, donc, et il a souci du bien de l’espèce (s’il n’en avait pas souci, il y a belle lurette qu’il aurait trouvé le moyen d’éliminer de l’univers l’humanité récalcitrante que nous sommes !) Il a aussi la capacité de communiquer avec l’espèce humaine (une espèce à son image et à sa ressemblance). Il sait fort bien que nous sommes, nous humains, à la fois des êtres grégaires et des individus libres et pensants ; il sait en outre que la seule manière de faire avancer une telle « troupe » vers une direction X qui soit bénéfique aussi bien à l’individu qu’à l’ensemble, c’est celle-ci : lui servir à la fois un plan global du projet d’ensemble et, du même coup, une vision individuelle de la mission propre à chacun•e.

Supposons qu’un tel Dieu existe, donc, et qu’il souhaite ardemment que chacun•e de nous réalise la mission propre qui lui a été confiée, mission qui atteindra deux fins :

  • Permettre la progression et l’épanouissement de l’ensemble de l’humanité
  • Amener l’individu à réaliser son plein potentiel et à se sentir comblé•e et heureux•se.

Si tel est le cas, il doit bien y avoir eu un moment, dans notre histoire personnelle, où chacun•e d’entre nous a rencontré ce Grand Manitou pour recevoir de lui une telle révélation et mission. C’est logique, non ? Ou alors c’est écrit dans nos gènes ! Personnellement, je préfère la première version : c’est plus épique, et plus trippant aussi. Une version qui est d’ailleurs corroborée par un message prophétique moderne, auquel il est périlleux de demeurer sourd par les temps qui courent. Le passage de ce message dont je vous parle se résumerait en ces mots : lors de sa création, l’âme a vu Dieu, l’espace d’un instant, avant d’être unie au corps, ce qui expliquerait entre autres sa nostalgie de Dieu.

Je vous propose, en terminant, la lecture de ce message du Ciel, délivré le 15 septembre 1991.

La Fin des Temps est plus proche que tu le penses.

Bientôt, très bientôt, j’ouvrirai soudainement mon sanctuaire dans le Ciel et là, de tes yeux dévoilés, tu percevras comme une révélation secrète…

Soudainement viendra sur toi un temps de grande détresse, car je vais permettre à ton âme de percevoir tous les événements de ton existence : je les dévoilerai l’un après l’autre. Je te rendrai conscient•e de ton irrespect envers mes enseignements de vie.

Si tu es encore en vie et debout sur tes pieds, les yeux de ton âme verront une Lumière éblouissante, comme les miroitements d’innombrables pierres précieuses, comme les feux de diamants cristallins. Et au milieu de cette éblouissante Lumière, ton âme verra ce que dans cette fraction de seconde elle a vu jadis, à ce moment précis de ta création…

Elle verra :

Celui qui le premier vous a tenues dans ses mains, les Yeux qui les premiers vous ont vues ;

Elle verra :

Les mains de Celui qui vous a formées et vous a bénies…

Elle verra :

Le plus tendre Père, votre Créateur. (Message tiré de La vraie vie en Dieu, par Vassula Ryden)

Recherché : ORGASMOTRON

Par Johane Filiatrault

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Consommation de sexe

Consommation de pornographie

Surconsommation de drogues, d’alcool et de médicaments

Surconsommation alimentaire

Surconsommation de médias sociaux et de jeux vidéo

Sports extrêmes et course au vedettariat

Solitude, stress de performance, burn out, dépression, suicide, maladie mentale.

L’humanité est-elle parvenue à l’apogée de ce qu’elle peut performer, ne laissant derrière elle que des cerveaux hyper allumés dans des corps avachis et des affectivités malades ; des cœurs absents ?

On parle de plus en plus d’intelligence artificielle… Compte-on sur elle pour nous sortir de l’impasse ? Un cerveau, naturel ou pas, suffit-il à l’équilibre humain et à l’équilibre environnemental ?

Nos sociétés produisent de plus en plus d’individus asociaux, de dangereux•euses agresseurs, de prédateurs sexuels, de fraudeur•euse•s, de révolté•e•s, d’enfants dysfonctionnels, de laissé•e•s pour compte, et de violence sous toutes ses formes. Sans compter les déchets produits et la destruction massive des milieux de vie.

Nous fonçons dans le mur, c’est bien évident.

Serions-nous en manque d’extase, par hasard ?

Extase: État mystique privilégié où l’âme s’unit directement à Dieu.

             : État de joie, d’admiration extrêmes, causé par quelqu’un ou quelque chose.

             : État de jouissance extrême.  (Définition du Larousse)

L’individu qui manque d’extase, gratuite et pure, compensera inévitablement par des palliatifs plus ou moins efficaces, voire néfastes et destructeurs.

À côté des mathématiques, des sciences et des langues, ne devrait-on pas enseigner l’art de l’extase à nos enfants ? C’est une question de survie de l’espèce : l’humain sans extase amoureuse devient bête et méchant.

 

Trump, l’envoyé de Dieu ?

Par Jeanne du Mont

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« Dieu a voulu que Donald Trump soit président », disait récemment sur les ondes Sarah Sanders, porte-parole de la droite religieuse américaine.

Mais d’où vient donc une telle  idée ?

Vous avez peut-être entendu parler du film The Trump Prophecy, projeté dans ≈1000 salles de cinéma états-uniennes en 2018. Un pompier y témoigne qu’il a vu en 2011 que Trump deviendrait président des États-Unis et, selon sa prophétie, Trump serait le roi Cyrus des temps modernes ! (Soulignons que Cyrus, roi des Perses et conquérant puissant, a émis en 538 av. J.-C. un édit permettant aux Juifs déportés à Babylone de retourner chez eux et d’y reconstruire leur temple.) Chez les ± 62 millions d’évangélistes américains, cette théorie du « Cyrus sauveur du peuple élu » est abondamment enseignée et proclamée : un jour, viendra un dirigeant païen qui accomplira la volonté de Dieu. (Quoi ? Les évangélistes américain•e•s seraient le nouveau peuple élu ?)

Et la prophétie s’est réalisée : Trump est là et il défend les idées des ultraconservateurs religieux (introduire la lecture des textes bibliques à l’école, promouvoir des lois anti-avortement, mettre en place des juges conservateurs, juguler l’immigration des pratiquants de religions étrangères au pays, etc.).

Mais Dieu, lui, où se situe-t-il là-dedans ? A-t-il vraiment envoyé Trump pour défendre les idées de la droite religieuse (qui seraient, par conséquent, les idées mêmes de Dieu) ? En d’autres termes :

  • Dieu est-il moraliste et accusateur ?
  • Son projet est-il de rassembler l’humanité entière sous un système religieux unique ?
  • A-t-il choisi le mouvement évangéliste en tant que figure de proue d’un nouvel ordre des choses ? 

On ne peut qu’espérer qu’il n’en soit rien, de grâce ! 

Les idées conservatrices font pourtant partout émergence : au sein des différents systèmes politiques ou religieux autant que dans le cœur et la tête de plusieurs d’entre nous. Un temps très sombre pour l’humanité, un temps où la peur de l’autre l’emporte sur le désir d’être UNS. Un temps où jeter la pierre à celui ou celle qui ne pense pas comme nous ou qui déroge de la « bonne pensée », est devenu une des occupations #1 de monsieur et madame tout le monde.   

Mais pour en revenir à Cyrus, n’est-il pas trop facile pour tel ou tel groupe religieux d’utiliser la Bible à sa sauce pour l’adapter à son agenda ? Et pour en finir avec Trump, dans quel monde un tel homme peut-il se conforter à croire ‒ ou à faire croire ‒ qu’il travaille à la réalisation des désirs de Dieu ?

« Vous qui vous dites religieux•euses, voici : vous jeûnez, dit IHVH-Adonaï, mais pour vous livrer à la dispute et la querelle, pour frapper du poing méchamment. Est-ce là ce qui me plaît, courber la tête comme un jonc et étaler ses actes pieux ? N’est-ce pas plutôt ceci que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens de l’asservissement, héberger chez toi les pauvres sans abri, ne pas te dérober devant celui•celle qui est ta propre chair ? Ta lumière jaillira alors comme l’aurore, et la gloire d’En Haut t’unifiera. Si tu bannis de chez toi le doigt dressé et les paroles trompeuses, ta lumière brillera dans les ténèbres et l’obscurité sera pour toi comme le plein midi. Tu rebâtiras les ruines qui perdurent, tu répareras, tu restaureras, afin d’en faire un lieu où habiter. » (Voir Isaïe 58,4-12, texte biblique écrit par un inspiré, 515 av. J.-C.)

On est ici très loin d’un système politico-religieux moralisateur, non ?

 

 

 

Lettre à toi, délicate enfant qui ressent le jugement

Par Judy Leclerc 

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Ils ne te comprennent pas ! Point barre.

Ne cherche pas, ma belle, pourquoi on médit sur toi. Ni pourquoi ils se montrent injustes et insensibles, douce amour. Je t’en prie : comprends que tout le monde n’a pas la même disponibilité émotionnelle. Et là, aujourd’hui, tout comme demain et après-demain, je veux que tu te donnes la tâche de concentrer ton attention sur ces personnes qui te connectent à qui tu es vraiment et qui tu veux être.

Il y a de ces personnes, de ces lieux et de ces moments où tu ressens une meilleure compréhension de qui tu es vraiment, n’est-ce pas ? C’est ce qui a été mis en toi pour te signaler que tu touches à qui tu es vraiment. Exactement comme ton corps est une enveloppe magnifique qui signale un toucher doux et parfait, ton cœur te signale une personne ou un lieu qui te rapproche du vrai et du beau. Pourchasse-les douce enfant ! Pourchasse-les eux et eux seuls jusqu’à ce que tu saches distinguer sans la moindre hésitation ce qui est bon pour toi de ce qui ne l’est pas.

Et aussi difficile que cela puisse être, regarde-toi dans la glace, le matin, en te murmurant que, pour un moment, tu te garderas à l’écart des personnes qui te mènent dans tes retranchements. Juste pour le temps que durera ton apprentissage de l’amour.

Et maintenant, suis bien mes indications, d’accord. Une thérapie, c’est louer le regard sans jugement de quelqu’un qui t’aidera à développer cette ouverture à toi-même. Tu t’aimes tellement moins que je le voudrais ! Ensuite, je te demande de te trouver un groupe de soutien.

Ton corps a peut-être déjà été touché autrement que de la manière dont il aurait dû l’être. Et tu ne mesures sans doute pas à quel point cela a eu de l’impact sur toi. Cherche un soutien aimant auprès de groupes de victimes.

Et si ta tête te joue des tours, il faut également que tu trouves des personnes qui te regarderont avec accueil et douceur dans ta façon différente de percevoir tes émotions et les choses qui t’entourent.

Je veux que tu pourchasses l’amour, l’accueil et le soutien sans jugement, comme si ta vie en dépendait. Ta qualité de vie et ta capacité à répandre l’amour en dépend. Et le monde a besoin de tout l’amour que tu pourras lui redonner.

Je te parle à travers tes sensations de bonheur, de soulagement et de réconfort pour te donner des indices à propos de ta voie : suis-la.

Je t’aime, petite fleur. Quel que soit l’âge que tu crois avoir.

 

Un poète actuel : Michel Pleau

Par Rachel Filiatrault 

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Michel Pleau est né en 1964 à Québec. Il a reçu le prix Octave-Crémazie en 1992 pour son recueil Le corps tombe plus tard, et le prix Alphonse Piché pour une suite poétique intitulée : Nous passons sous silence. Il a écrit pour les Éditions du Noroît, les éditions Le loup de Gouttière et Les écrits des Forges. En 2008, il remporte le prix du Gouverneur Général pour son recueil La lenteur du monde. Puis, plus récemment, en 2018, il est honoré du prix Jean-Noël-Pontbriand avec J’aurai bientôt ton âge. Il a également reçu de nombreux autres prix, distinctions et titres honorifiques. Titulaire d’une maîtrise en littérature et d’un certificat en animation culturelle, il enseigne la littérature à l’université Laval et donne de nombreux ateliers. Voilà donc pour le résumé de son parcours.

Ayant moi-même suivi de ses ateliers au FIPTR (Festival international de la poésie de Trois-Rivières), je n’ai que de bons commentaires à faire sur lui. Excellent professeur, passionné et impliqué, ses écrits sont à la hauteur de la poésie actuelle tout en étant également accessibles au grand public. C’est ce qui m’a tellement touchée lors de ma première lecture de ses textes : oui, on peut publier de la poésie contemporaine et viser un public amateur, pas nécessairement érudit ou intellectuel.

Ses poèmes sont tricotés de phrases métaphoriques et d’associations de mots inusitées qui illustrent sa pensée mais tiennent plus du rêve que de la réalité. C’est poétique «à fond». Vraiment de la grande qualité, de la haute voltige. Je vous recommande chaleureusement son deuxième recueil, La traversée de la nuit, et Le feu de l’autre rive. Pour ma part, je n’ai pas lu toutes ses parutions, au nombre d’une quinzaine, mais j’aime ses poèmes si pleins d’images et de sens, qui nous transportent au-delà des mots.

Voici deux de ses poèmes, tirés de La traversée de la nuit des éditions Le Noroît…

Parfois venait l’enfance

On goûtait le vent des mots

Des arbres s’enfonçaient

Nous regardions le temps

S’arrondir comme une maison

 

Il y avait les cendres du départ

Déposées sur la table

Avant la pluie

On entendait craquer les nuages

 

Et :

J’écrivais une lettre de neige

Dans la tranquillité des fenêtres

La musique mouillait la terre

 

Nous regardions le coucher des arbres

Pour ne pas nous renommer

Simplement toucher les ombres

Qui bousculent les rideaux

 

L’hiver sur ma table de travail

J’ignore ce qui me prend par la main

 

Et en voici un autre, tiré de Le feu de l’autre rive des éditions Les écrits des Forges :

 

Autour de moi

les statues laissent tomber leurs âmes

 

Du paysage

j’affirme ma présence

et repousse les barques inquiètes

échouées contre la mort

 

j’aime les vents qui rêvent

et recommencent ma solitude

 

depuis le premier jour

les mots convoquent le souffle des naissances.

 

Comme vous l’avez sûrement remarqué, ce sont de courts poèmes et ils sont tous sans ponctuation. C’est une tendance dans la poésie d’aujourd’hui. Le poète est libre.

 

Nous sommes déjà à la fin de cet article et j’ai le goût de vous laissez un petit truc d’écriture. Il s’agit de la banque de mots. On recueille tous les mots qui nous viennent à l’esprit et aussi ceux que l’on cueille dans les revues, les autres livres, et chez les autres poètes. Puis l’on dispose ces mots dans tous les sens sur une feuille blanche ou un carnet et le processus commence : on « allume » sur un mot qui devient vite une expression de soi-même. Une phrase naît et bientôt tout un poème. Voici donc un de mes poèmes, écrit de cette façon…

J’étais un enfant et déjà

Je cherchais le désordre en moi

Les puits d’abandon

Aveugles et secrets

Me portaient au contraire

Au plus haut sommet des sources

Le cri de l’oiseau déraciné

Renversait les îles

Sans âges entre mes mains

Mes jouets noués au feuillage des chambres

Échappaient aux vents lointains

Je plongeais mes larmes

Et mes sourires

Dans mes tiroirs

Figés entre les saisons

 

Dans mes armoires

Les bêtes tremblantes

Devenaient mes clés

Moi  enfant sombre et impalpable

 

Et ici se termine cet article. Tous mes vœux de bonne année, et à la prochaine !

 

Être mère, c’est…

Par Johane Filiatrault (écrit le 2 mai 2003)

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Être mère, c’est prêter son corps à un•e autre pour qu’il•elle s’y abrite et s’en nourrisse :  te voici tente et refuge qui se déploie petit à petit pour qu’il•elle y trouve son espace à mesure qu’il•elle grandit.

La maternité est le plus grand cadeau que peut recevoir une femme, à condition que l’homme qui le lui a fait reçoive cette femme-mère tel un cadeau. Il y a tant d’étroitesse de cœur dans notre monde moderne ! Si on arrêtait de compter (notre temps et notre argent) et si on commençait à donner, que de joie il y aurait dans les familles !  Une femme épanouie, un homme fier d’elle et de sa progéniture, des enfants remplis de vie : le bonheur est si simple ! 

Il est toujours triste de voir des conjoint•e•s se critiquer sévèrement l’un•e l’autre (devant leurs enfants), se « renotant » leurs erreurs passées. Que le plus aimant des deux fasse le premier pas et dise à l’autre un mot gentil, une remarque obligeante, et toute l’atmosphère de la maison s’en trouvera transformée : c’est si simple, le bonheur ! 

Amour… et pardon, puisque le•la conjoint•e parfait•e, ça n’existe pas. Un couple uni, deux adultes qui s’aiment, voilà tout ce qui est nécessaire pour l’équilibre affectif d’un enfant. 

Être mère, c’est conduire son enfant à son père. Trop de mères surprotègent leur enfant et se l’accaparent, consciemment ou non. Elles l’éloignent ainsi du père, soit en critiquant celui-ci devant l’enfant, soit en empêchant le père d’intervenir auprès de l’enfant fautif, sous prétexte qu’il est trop sévère ou trop exigeant. Rien n’est plus destructeur pour l’enfant et la famille !  (La mère a naturellement tendance à excuser son enfant et, plus elle accentue cette tendance, plus le père aura tendance à être sévère pour compenser).  L’enfant a autant besoin de l’autorité ferme et exigeante d’un père que de la souple tendresse d’une mère (ou vice et versa, car il y a des couples où les rôles sont souvent inversés). Travailler à détacher le petit d’elle et l’aider à s’attacher à son père est un grand défi pour toute mère, nécessaire pour la croissance de l’enfant. Mères, laissez le père être un père ; aidez-le à devenir tendre : il vous aidera à devenir ferme. 

Être mère, c’est parfois faire mourir son enfant dans son sein. Parce qu’on ne sent pas auprès de soi un partenaire solide et bon sur qui prendre appui, en qui puiser la force d’enfanter. Être mère sans un père, quelle terrible déchirure ! Inutile de chercher lequel des deux est plus coupable : l’amour manque.  Aimons !

Être mère, c’est d’abord ouvrir son être à un homme, son corps comme son cœur, se donner et faire confiance à cet autre, différent ; l’aimer beaucoup et faire sa joie, et travailler à son bonheur. Et puis, du nid d’amour ainsi construit par ces deux cœurs liés, viendra la vie, et la tente qui s’élargit pour lui donner l’abri. 

Être mère, c’est être aimée d’un homme, au point que sa vie se mélange à la tienne et que, dans tes entrailles, elle prenne forme. 

 

Et si Satan existait vraiment ?

Par Jeanne du Mont

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L’existence de Satan, une utopie ? Une fable remontant au Moyen-Âge ? Une conceptualisation sortie tout droit de quelque cerveau ultrareligieux et tordu ? Et s’il était possible de démontrer clairement son existence, qu’en diriez-vous ?

L’espèce humaine a jadis été soumise aux lois de l’instinct, à l’instar de tout le règne animal, obéissant à des stimuli hormonaux, olfactifs, saisonniers, ou autres, messages inscrits dans son génome et ordonnant sa conduite vers la survie de l’espèce : une période paradisiaque de son périple évolutif, un temps d’harmonie où le genre humain respectait intrinsèquement les lois naturelles; une ère sans histoire. Puis, progressivement, une nouvelle donnée s’est ajoutée à l’équation : nos semblables se sont laissé tenter par la liberté. Une expérience exaltante s’il en est, un exercice de haute voltige; un choix à très haut risque, en fait. Parce que qui dit « être libre » dit du même souffle « expérimenter la morsure du mal ». En effet, seul un dieu pourrait exercer sa liberté sans jamais commettre une erreur de jugement, sans jamais se laisser prendre par les jeux du pouvoir, du plaisir et de la convoitise ; un humain en est radicalement incapable, l’histoire nous le démontre tristement.

L’histoire nous démontre par surcroit une réalité plus effrayante encore : l’espèce humaine, d’un siècle à l’autre, va de plus en plus loin dans son expérience du mal. Tout se passe comme si, d’une génération à l’autre, le genre humain développait un peu davantage  – ou beaucoup plus, notamment au siècle dernier – un esprit machiavélique capable d’imaginer de plus en plus de ruses pour mal agir, causer du tort à son entourage et faire souffrir. Nous sommes, en ces temps, au summum de cette propension humaine à détruire tout ce que nous touchons : on n’a qu’à jeter un œil sur l’actualité pour s’en convaincre.

Malheureux humain que je suis ! Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien auquel j’aspire[1] et ce faisant, j’œuvre à déconstruire le monde, à disloquer les corps et à détruire la beauté native de mon être même. Autodestruction assurée. Et puisque ce mouvement tend à s’amplifier de manière exponentielle, nul doute que nous soyons perdus en tant qu’humanité et que nous courions à notre perte… à moins que le diable n’existe.

Mais que vient faire le diable là-dedans, me direz-vous ? L’espèce humaine est tout à fait capable de se détruire par elle-même et elle se doit d’assumer la responsabilité de ses errances. Permettez-moi pourtant de démystifier un peu le personnage trouble qu’est Satan.

Procédons par analogie. Si Dieu est la matière noire qui emplit tout interstice de sa discrète et bénéfique présence, Satan – ou Lucifer[2] – est cette lumière trop crue qui expose nos dessous dans le but de nous avilir aux yeux d’autrui ou de nous accuser. Il est ce trait éblouissant qui aveugle notre entendement afin de mieux séduire, ce rayon laser biaisé qui peut aller jusqu’à brûler nos yeux, empêchant toute lumière d’entrer en nous. Une Puissance spirituelle dotée d’une intelligence remarquable qui a voué son existence à une chose : essayer de perdre l’espèce humaine dans le but de défier Dieu. Le machiavélisme excellemment structuré qui règne actuellement sur le monde pourrait-il en effet s’expliquer par la simple addition des déviances et appétits insatiables d’individus et de groupes humains plus ou moins interreliés entre eux ? Je le redis : s’il existe, ce Satan, une lueur d’espoir demeure pour l’humanité, sinon, tout est perdu. Parce que, s’il existe, nous avons un ennemi commun à vaincre et une saine lutte peut s’engager. Mais s’il n’existe pas, nous sommes notre propre ennemi et mieux vaut nous habituer dès maintenant au chaos fatal qui emportera l’espèce.

Une dernière analogie pour tenter de cerner cet ennemi sournois – lui qui gagne tellement à ce que nous ignorions son existence. Prenons deux insectes dotés chacun d’un dard : l’abeille à miel versus l’insecte piqueur. Dans le cas du piqueur (tique ou moustique), il siphonne notre substance vitale, notre sang, pour nourrir son propre organisme et faire croître son lignage : il use de nous pour son propre intérêt – tel le diable. Pour ce qui est de l’abeille, elle n’use de son dard[3] qu’en cas de menace pour la colonie et elle le fait dans un acte suprême de don de sa vie au service d’autrui – tel le Christ.

Êtes-vous étonné·e de savoir que, de nos jours, ici-même chez nous, la population d’abeilles soit en forte décroissance, et celle des tiques porteuses de virus, en croissance inquiétante ? « Car la création toute entière gémit maintenant dans les contractions de l’enfantement[4]. » En effet, « la création attend dans l’angoisse, aspirant à la révélation des fils et filles d’Elohîm[5]. »

Puisse-t-elle survenir, cette révélation, par notre foi et notre action commune, à vous et à moi !

 

Note de la rédaction : Jeanne du Mont est l’auteure du livre L’apocalypse décryptée, publié aux Éditions Tsemantou.

 

[1] Paraphrase de saint Paul, lettre aux Romains, chapitre 7, verset 19.
[2] Lucifer, un des noms donné au diable, est un mot qui, en latin, signifie « vedette du matin » ou « qui porte un flambeau »; Lucifer est tiré de « lux », signifiant « lumière ».
[3] Si les abeilles meurent après avoir piqué, c’est que leur dard prend la forme d’un harpon (alors que celui des guêpes est très lisse). Lorsque celui-ci s’enfonce dans la peau, nos chairs se referment littéralement sur lui et les crochets du harpon l’empêchent ensuite d’en ressortir. Pour s’échapper, l’abeille se voit alors contrainte d’abandonner sur place une partie de son abdomen contenant la glande à venin. Éviscérée, l’abeille est donc condamnée à mourir à plus ou moins court terme. (Tiré de futura-sciences.com)
[4] Lettre aux Romains, chapitre 8, verset 22.
[5] Lettre aux Romains, chapitre 8, verset 19.

 

 

Enthousiastes = moins de chances de tenir vos résolutions…

Pourquoi ?

Par Judy Tétreault

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Ah! Le fameux temps des résolutions!

Moment où les gens fatigués, voire frustrés, de leur soi de 2018 gobent la promesse d’un soi tout neuf. Exempt de toutes les vicissitudes qu’ils ont connu les 12 mois précédents.

Ce que je trouve plutôt ironique, c’est qu’il m’apparaît que ce sont les moins enthousiastes à prendre des résolutions annuelles qui ont le plus de chances d’en mener quelques-unes à terme. Car voyez-vous, ce sont les croyances qui se cachent derrière nos motivations (et donc de nos actes) qui traduisent souvent le fait que l’on soit ou non en accord avec les grands principes universels de la vie. Et la grande majorité des enthousiastes ne sont-ils pas ceux et celles qui croient que leurs résolutions pourront changer leur vie, mettront fin à leur misère et leur donneront un tout nouveau soi ?

Derrière ce désir (que je trouve vraiment attendrissant, je dois préciser), se cache en revanche une croyance selon laquelle 2018 fut mauvaise, décevante, horrible ou pire : que l’on est mauvais, décevant ou horrible. Et ne cherche-t-on pas avec raison à mettre tout ça derrière soi ?

Nous sommes pourtant à quelques centimètres d’une bonne façon d’aborder les résolutions annuelles. Mais toute optique qui exclut l’acceptation pleine d’amour de ce qui a été ne nous mènera pas vers du mieux.  

Je suis totalement POUR les résolutions et le temps des résolutions. C’est une merveilleuse occasion de faire preuve de responsabilité personnelle et de multiples autres qualités, tout en profitant d’une sorte de mouvement de masse.

Mais je voudrais inviter chacun à s’attarder à bien regarder 2018 et à y trouver un enseignement parental pour soi-même afin de bien choisir sa résolution. Sans quoi, je crains fort que l’on ne se serve pas au mieux de cette occasion magique!

Je vous aime.  

Aimez-vous.