Symboles religieux et sexisme

Par Johane Filiatrault

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Là où le bât blesse en ce qui concerne les symboles religieux, c’est qu’ils sont la plupart du temps porteurs de valeurs sexistes, comme sont sexistes la plupart des grands systèmes religieux.

Faisons un bref survol des règles religieuses discriminatoires qui existent encore de nos jours…

  • chez les catholiques, les orthodoxes et plusieurs autres groupes chrétiens, la femme ne peut accéder à aucune forme de sacerdoce ;
  • chez les musulmans, pour des raisons de convenance, la femme ne peut pas diriger la prière publique (surtout si des hommes font partie de l’assemblée de prière) même si, selon leurs propres termes, « la personne qui dirige la prière doit être celle qui en sait le plus »;
  • chez les hindouistes : « Il n’existe pas de femmes prêtres hindoues, ni en Inde ni au Sri Lanka[1]» et pour ce qui est du domaine domestique, « bien que la conduite de son époux soit blâmable, bien qu’il se livre à d’autres amours et soit dépourvu de bonnes qualités, une femme vertueuse [sati] doit constamment le vénérer comme un Dieu[2] » ;
  • dans le judaïsme : « Bien des postes de responsabilité gagneraient, sans aucun doute, à être occupés par des femmes plutôt que par des hommes. Mais on ne pourrait attribuer à ces fonctions le sens d’une “dignité sociale”, d’une nomination. Ce refus d’une “nomination” des femmes est une disposition de la Guemara avec force de loi, stipulant qu’une femme ne peut être nommée reine parce qu’il est dit : “Tu mettras sur toi un roi”, un roi et non une reine.[3]»

C’est parce que ces règles religieuses sexistes sont encore prônées de nos jours, qu’il faut, selon moi, éliminer les symboles religieux des espaces publics[4], afin de se distancer formellement de ces pratiques séculaires qui briment les droits fondamentaux des femmes.

Surtout que cette discrimination basée sur le genre, au sein des religions, n’est pas en voie de se résorber. Puisque les chefs des grandes religions du monde sont, encore aujourd’hui, presque exclusivement des hommes, les femmes y perdent, au fil des siècles, des droits qui leur étaient souvent reconnus à l’origine même de ces confessions. Et une fois que ces restrictions ont été mises en place par les dirigeants mâles, ils font de ces nouvelles règles des « lois divines » intouchables et permanentes.

De plus, on n’a qu’à lire les dernières nouvelles concernant certains gourous modernes[5] et la manière dont ils asservissent des femmes comme esclaves sexuelles ou esclaves tout court pour se rendre à l’évidence que le phénomène religieux sexiste est loin d’être en voie de disparition. C’est donc pour protéger les générations à naître qu’il faut impérativement bannir toute religion de notre espace public (écoles privées incluses !), afin qu’aucun·e enfant québécois·e ‒ quelle que soit son origine ethnique ‒ ne soit embrigadé·e dans un système de pensée sexiste qui serait soi-disant d’origine divine. L’État doit légiférer à ce sujet afin d’éviter d’être accusé de défendre ces systèmes discriminatoires basés sur le genre ou de prôner leurs enseignements sexistes.

Il y a des valeurs qui priment sur d’autres et l’égalité des genres doit primer sur le droit à exercer sa religion dans l’espace public.

 

… Une définition du sexisme vient d’être adoptée ce jeudi 28 mars par le Conseil de l’Europe : « une manifestation des “rapports de force historiquement inégaux” » entre femmes et hommes « conduisant à la discrimination et empêchant la pleine émancipation des femmes dans la société ». Sexisme et violence envers les femmes et les filles sont liés, insiste l’organisme, « puisque le sexisme “ordinaire” fait partie d’un continuum de violences », créant un « climat d’intimidation, de peur, de discrimination, d’exclusion et d’insécurité ».

[1] Propos de Sasikumar Tharmalingam, prêtre de la communauté Saivanerikoodam, de la maison des religions à Berne.

[2] Le Grand Secret, Maurice Maeterlinck, éditions transatlantiques

[3] La condition de la femme dans le judaïsme – Interview de M. le Grand Rabbin Ernest Gugenheim – Propos recueillis par Léa Marcou.

[4] J’entends par « espaces publics » les lieux où s’exercent les activités et le pouvoir de l’État.

[5] Patrick Salibi de Montréal, se proclamant le « champion de l’utérus », et Keith Raniere, arrêté récemment par le FBI.