Trump, l’envoyé de Dieu ?

Par Jeanne du Mont

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« Dieu a voulu que Donald Trump soit président », disait récemment sur les ondes Sarah Sanders, porte-parole de la droite religieuse américaine.

Mais d’où vient donc une telle  idée ?

Vous avez peut-être entendu parler du film The Trump Prophecy, projeté dans ≈1000 salles de cinéma états-uniennes en 2018. Un pompier y témoigne qu’il a vu en 2011 que Trump deviendrait président des États-Unis et, selon sa prophétie, Trump serait le roi Cyrus des temps modernes ! (Soulignons que Cyrus, roi des Perses et conquérant puissant, a émis en 538 av. J.-C. un édit permettant aux Juifs déportés à Babylone de retourner chez eux et d’y reconstruire leur temple.) Chez les ± 62 millions d’évangélistes américains, cette théorie du « Cyrus sauveur du peuple élu » est abondamment enseignée et proclamée : un jour, viendra un dirigeant païen qui accomplira la volonté de Dieu. (Quoi ? Les évangélistes américain•e•s seraient le nouveau peuple élu ?)

Et la prophétie s’est réalisée : Trump est là et il défend les idées des ultraconservateurs religieux (introduire la lecture des textes bibliques à l’école, promouvoir des lois anti-avortement, mettre en place des juges conservateurs, juguler l’immigration des pratiquants de religions étrangères au pays, etc.).

Mais Dieu, lui, où se situe-t-il là-dedans ? A-t-il vraiment envoyé Trump pour défendre les idées de la droite religieuse (qui seraient, par conséquent, les idées mêmes de Dieu) ? En d’autres termes :

  • Dieu est-il moraliste et accusateur ?
  • Son projet est-il de rassembler l’humanité entière sous un système religieux unique ?
  • A-t-il choisi le mouvement évangéliste en tant que figure de proue d’un nouvel ordre des choses ? 

On ne peut qu’espérer qu’il n’en soit rien, de grâce ! 

Les idées conservatrices font pourtant partout émergence : au sein des différents systèmes politiques ou religieux autant que dans le cœur et la tête de plusieurs d’entre nous. Un temps très sombre pour l’humanité, un temps où la peur de l’autre l’emporte sur le désir d’être UNS. Un temps où jeter la pierre à celui ou celle qui ne pense pas comme nous ou qui déroge de la « bonne pensée », est devenu une des occupations #1 de monsieur et madame tout le monde.   

Mais pour en revenir à Cyrus, n’est-il pas trop facile pour tel ou tel groupe religieux d’utiliser la Bible à sa sauce pour l’adapter à son agenda ? Et pour en finir avec Trump, dans quel monde un tel homme peut-il se conforter à croire ‒ ou à faire croire ‒ qu’il travaille à la réalisation des désirs de Dieu ?

« Vous qui vous dites religieux•euses, voici : vous jeûnez, dit IHVH-Adonaï, mais pour vous livrer à la dispute et la querelle, pour frapper du poing méchamment. Est-ce là ce qui me plaît, courber la tête comme un jonc et étaler ses actes pieux ? N’est-ce pas plutôt ceci que je préfère : défaire les chaînes injustes, délier les liens de l’asservissement, héberger chez toi les pauvres sans abri, ne pas te dérober devant celui•celle qui est ta propre chair ? Ta lumière jaillira alors comme l’aurore, et la gloire d’En Haut t’unifiera. Si tu bannis de chez toi le doigt dressé et les paroles trompeuses, ta lumière brillera dans les ténèbres et l’obscurité sera pour toi comme le plein midi. Tu rebâtiras les ruines qui perdurent, tu répareras, tu restaureras, afin d’en faire un lieu où habiter. » (Voir Isaïe 58,4-12, texte biblique écrit par un inspiré, 515 av. J.-C.)

On est ici très loin d’un système politico-religieux moralisateur, non ?

 

 

 

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