Arts divinatoires et autres fantaisies

Par Jeanne du Mont

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De tout temps, les humains ont cherché à se connecter à l’au-delà. Plusieurs motifs les poussent à le faire : trouver des réponses face à des choix difficiles ; obtenir des encouragements pour affronter leur quotidien ; bénéficier de guidance ou d’assistance ; « acquérir » des lumières spirituelles ou des capacités surnaturelles.

L’humanité a, à cet effet, exploré une panoplie de canaux de communication, entre autres les songes, les locutions intérieures, les visions, l’écriture guidée, la nécromancie et la divination ; il y a dans la Bible et dans l’histoire des saints de nombreux exemples de communications célestes via ces différents truchements. De très nombreux exemples, dont les mystérieux Ourim et Toumim, portés dans l’éphod[1] des prêtres du Judaïsme ancien et qu’on définit comme un « instrument qui servait à donner la révélation et à déclarer la vérité »[2]. Intéressant !

Depuis belle lurette, pourtant, la plupart des pouvoirs religieux et ecclésiaux ont usé de divers moyens de répression envers ces canaux de connexion. Moyens de répression allant de la simple méfiance exprimée jusqu’à la violente extermination, en passant par la démonisation de ces pratiques et le rationalisme. Les prêtres et autres « détenteurs officiels des pouvoirs divins » tiennent à garder le monopole des « avenues vers Dieu », afin de garantir la sécurité de leurs ouailles, diront-ils. Mais il n’est pas nécessaire d’être devin pour conclure que cette apparente guerre contre « les moyens de toucher Dieu » sous-entend possiblement d’autres motifs chez ces chefs religieux – la prospérité de leur portefeuille entre autres et le maintien de leur autorité sur leurs fidèles : si leurs rituels sont les seuls moyens de se rapprocher du Créateur, leur pérennité est assurée. Mais peut-être existe-t-il un motif plus triste encore, peut-être que ces gens en autorité religieuse ont finalement trop peu d’expérience ou de compétence spirituelles pour se sentir outillés et capables de s’avancer sur les terrains périlleux des hauts domaines de l’Esprit…

Oui, les entités spirituelles sont extrêmement puissantes et il convient tout à fait d’user d’une grande prudence, quand on s’aventure dans leur domaine réservé. Oui, la personne qui se met en quête d’un message céleste risque de trouver en travers de sa route des esprits malintentionnés qui chercheront à l’égarer et à la perdre, plutôt qu’à la guider. Oui, les novices du domaine spirituel gagneraient grandement à se prémunir des dangers en se faisant accompagner par un·e guide spirituel·le aguerri·e. (Les marques de commerce de tel·le·s guides qualifié·e·s sont : gratuité, vie de prière, et profond respect envers le mystère personnel de l’individu qui se confie à lui·elle.)

Non, les rituels ne suffisent pas pour faire d’un humain une vivante icône de la gloire céleste et pour élever notre pauvre humanité au rang de dieu, programme de vie qui est pourtant celui auquel nous sommes tous et toutes convié·e·s. La vie spirituelle est l’indispensable complément et l’ornement ultime de tout chemin vers la divinité.

 

« Voici : nous avons peine à conjecturer ce qui est sur la terre, et ce qui est à notre portée nous ne le trouvons qu’avec effort, mais qui donc découvrira ce qui est dans les cieux ? Qui connaîtra Ton avis si ce n’est pas Toi qui donne la sagesse et si Tu n’envoies pas d’En Haut Ton Souffle Saint ? » Livre de la Sagesse 9, 16-17

 

Dans un prochain article, je proposerai certains moyens permettant d’entrer en communication avec l’au-delà, moyens qui, sans être 100% sûrs ou efficaces, ont le mérite d’être éprouvés.

 

[1] Éphod : élément de l’habit sacerdotal qui se portait vraisemblablement sur la poitrine et dont on ignore la forme précise ; y étaient contenus l’Ourim et le Toumim (dont on ignore également l’apparence et le mode d’emploi).

[2] John M’Clintock and James Strong, Cyclopedia of Biblical, Theological, and Ecclesiastical Literature, 1867-1881, “Urim and Thummim”.