Changement de cap

Par Kim Loyer

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On m’a récemment demandé si j’avais le désir d’écrire quelques articles pour Tsemantou. Ma première réaction fut de dire non, car au fond de moi je ne me sentais pas prête. J’avais le pressentiment que rien de ce qui pouvait venir de moi ne serait intéressant pour autrui. Puis durant plusieurs semaines, cette idée s’est mise dans un coin de mon esprit sans jamais vraiment le quitter. Et un jour, je me suis dit : pourquoi pas ! Pourquoi ne pas discuter de ma passion avec les lecteurs, lectrices et peut-être, au final, inspirer quelqu’un d’autre ! 

 Avant même de vous parler de cette dite passion, j’aimerais vous faire part de ce qui a animé ce revirement de situation. Lors de ma graduation au niveau secondaire (il y a dix ans), j’ai dû faire un choix : opter entre la voix sécuritaire et facile ou bien celle plus risquée et remplie d’embuches. Malheureusement, comme la plupart des être humains sur cette terre, j’ai eu trop peur et j’ai choisi la facilité. Aujourd’hui, ces peurs me semblent tellement insignifiantes ! Je me suis rendu compte au courant de ma vie que choisir un travail sans la passion c’est comme choisir de ne pas vivre. On se rend tous les jours au travail tel un robot en effectuant les tâches demandées sans se poser aucune question. On rentre à la maison en étant dégouté de sa vie et on dépense tout l’argent qu’on a pour se sentir mieux. Au bout du compte, on est pauvre et malheureux.  

C’est pourquoi, en ce beau mois de juillet 2018, âgée de 28 ans, j’ai enfin décidé de vivre ma vie, de m’épanouir, de faire quelque chose qui me rend heureuse et finalement de penser à moi, peu importe ce que les gens autour de moi en diront. Après tout, nous n’avons qu’une vie : aussi ben en profiter.  

Vous devez probablement vous demander quel genre de métier j’ai choisi… Eh bien, mesdames et messieurs, me voici officiellement future étudiante de design d’intérieur ! Je débuterai mes cours en septembre, alors restez à l’affut car je ne manquerai pas de vous transmettre des petites astuces, projets et idées en lien avec mes cours. 

 

Au plaisir!  

 

Un poète si peu connu

Par Rachel Filiatrault

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Alain Grandbois (1900-1975) poète Québécois

Grand voyageur et passionné de lectures étrangères, il signe  Marco Polo (1942) et Avant le chaos (1945). Mais son recueil le plus connu sera sans doute Les îles de la nuit (1944).  Suivront Rivages de l’homme (1948)  et L’Étoile pourpre (1957). Dans son recueil Les îles de la nuit, on le dit au summum de son art. Il s’agit d’une longue allégorie où se mêlent les forces physiques et psychiques, naturelles et cosmiques. Son thème :  le voyage intérieur et spirituel que l’auteur entreprend pour découvrir et explorer son royaume intime et celui du monde. Presqu’à chaque poème reviennent ces symboles, la Femme inaccessible, le Passé mensonger, la Mémoire source d’erreurs, la Solitude, solution et en même temps long cri de détresse, la Mort en tant que  délivrance et fin de la douleur. Comme le dit si bien en préface Jacques Breault : […] il s’agit ici de reconnaître ce maître des rivages, ce passeur d’ombre et de solitude, sous les étoiles toujours qu’il regardait, comme à jamais fondues au  rouge incendiaire de la poésie. Alain Grandbois, capitaine au long cours, sorcier des brumes et des temps obscures, mais aussi lumière du siècle… des lieux transversaux et indirects qui, de l’amour à l’abandon, de l’angoisse à l’euphorie, viennent donner à nos lettres une présence d’air et de souffle, une autre aspiration conduisant toujours à des cieux ardents, en route vers l’absolu.

Le moins qu’on puisse dire de Grandbois est qu’il est en quête d’absolu et de vastitude et qu’il parcourt avec rigueur et fidélité les dédales de son univers.

Je vous propose aujourd’hui un petit jeu… Je vous livre un poème de Grandbois et vous écrivez l’inverse des éléments de chaque phrase. J’appelle ça l’écriture à l’envers.  Il faut bien sûr laisser aller son inconscient et construire des images poétiques. Vous êtes prêts ?

Avec ta robe sur le rocher comme

une aile blanche

Des gouttes au creux de ta main comme

une blessure fraîche

Et toi riant la tête renversée comme un

enfant seul

 

Avec tes pieds faibles et nus sur la dure

force du rocher

Et tes bras qui t’entourent d’éclairs

nonchalants

 

Et ton genou rond comme l’île de mon

enfance

Avec tes jeunes seins qu’un chant muet

soulève pour une vaine allégresse

Et les courbes de ton corps plongeant

toutes vers ton frêle secret

Et ce pur mystère que ton sang guette

pour des nuits futures

 

Ô toi pareille à un rêve déjà perdu

Ô toi pareille à une fiancée morte

Ô toi mortel instant de l’éternel fleuve

 

Laisse-moi seulement fermer mes yeux

Laisse-moi seulement poser les paumes

De mes mains sur mes paupières

Laisse-moi ne plus te voir

 

Pour ne pas voir dans l’épaisseur des ombres

Lentement s’entrouvrir et tourner

Les lourdes portes de l’oubli.

Voici ma version à moi :

 

Sans ma robe dans l’eau

comme une griffe noire

Des chutes sous tes pieds

comme une  blessure morte

Et moi pleurant toute recroquevillée

Une adulte parmi tant d’autres

 

Avec tes mains fortes et gantées

sur la douce face des galets

Et tes jambes étendues qui s’ouvre de ciel

tranquille et courageux

Et ton coude pointu comme le continent

de ma vieillesse

 

Sans tes vieux dehors qu’un silence exubérant

repose contre une profonde tristesse

Et les droites de ton esprit remontant

toutes vers ton robuste savoir

Et cette impure évidence que ta lymphe oublie

pour les jours présents

 

Ô moi autre cauchemar déjà

Ô moi autre pucelle vivante

Ô moi éternel lointain de la mortelle rivière

 

Ne te laisse pas ouvrir les oreilles

Ne te laisse pas enlever les bras

sur tes vues intérieures

Ne te laisse pas ne plus me voir

 

Pour regarder dans la légèreté de la lumière

Vite se refermer et retourner

les portes sublimes du savoir.

 

Ne donne à personne le pouvoir sur toi

Par Johane Filiatrault

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On s’imagine à tort que le pouvoir d’un humain provient de sa capacité à prendre le contrôle sur les événements de la vie et sur les personnes qui l’entourent : ceux et celles qui usent de leur pouvoir de cette manière sont souvent envié∙e∙s, critiqué∙e∙s, haï∙e∙s ou… éliminé∙e∙s ; on est loin en tout cas du principe de base des saines relations interpersonnelles qu’est le gagnant-gagnant !

Il y a pourtant dans chaque être humain l’aspiration inaliénable à la domination, un besoin de maîtrise, de suprématie. On n’a qu’à observer un groupe de jeunes enfants dans leurs jeux pour comprendre qu’aucun∙e d’entre eux∙elles ne souhaite perdre quoi que ce soit, ni subir quelque chose qu’il∙elle n’a pas choisi : les stratégies d’affirmation de soi sont variées certes, mais omniprésentes.

Nombre d’être humains abdiqueront cependant leurs prérogatives en cours de parcours. Aussi ratés l’un que l’autre, les résultats seront lamentables : l’abus de pouvoir chez les un∙e∙s, la soumission servile chez les autres. Existe-t-il une troisième voie cependant ? Qui parmi nous, humains, est réellement roi ou reine de l’univers entier ? Qui peut affirmer qu’il∙elle est en contrôle de ce qui l’habite et de ce qui l’entoure ? Un très petit nombre en fait.

Atteindre ce niveau de domination n’est cependant pas un exercice de force brute ou d’intelligence froide : l’humble acceptation de soi est d’abord nécessaire, le détachement progressif des possessions matérielles l’est tout autant, mais par-dessus tout, l’essentiel réside en un grand mouvement de fusion aimante avec les êtres animés ou inanimés qui nous entourent – une aspiration à l’union, à la communion. Tout être humain qui expérimente un tel mouvement en lui-même est un être régénéré, un∙e aspirant∙e à la royauté ultime – celle qui fait de nous des personnes aimantes, sages et humbles, des êtres sur qui l’on a envie de s’appuyer pour se bâtir soi-même, des piliers ; des sherpas qui, par choix, portent modestement le fardeau trop lourd de ceux et celles qui manquent d’expérience dans les hauteurs spirituelles qui les attirent pourtant.

Ne donne à personne le pouvoir sur toi.

 

 

Ne jugez rien de ce qui émane de vous!

Par Judy Tétreault

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Du sexe.

Le sexe chaud … Torride… Humide…

De quoi capter l’attention, N’est-ce pas?

Allez, avouez! J’ai réussi à capter votre intérêt rien qu’en parlant de sexe!

Et vous savez pourquoi ça capte autant votre attention, pourquoi il s’agit d’un sujet qui dérange, d’un sujet qui fascine?

Je ne crois pas que la raison soit de l’ordre du tabou. Mais je pourrais concevoir facilement que l’humain ressente le besoin de connaître et d’explorer CE QU’IL NE CONNAÎT PAS.  

Intérieurement, peut-être que nous ressentons qu’il nous manque des réponses, que nous ne savons pas réellement ce qu’est la sexualité. Et comme tout enfant qui apprend, nous passons parfois par de drôles d’avenues, quelques écueils et des déconfitures. Nous explorons!  Les véritables vecteurs du progrès ne sont-ils pas les explorateurs et exploratrices? Ceux et celles qui sont avides de connaissance, de science et de découverte?

Il y a tellement de sortes de sexualité!  

  • La sexualité plus machiste (et qui m’apparaît comme plus animale qu’humaine) me semble être la plus ‘’connue’’, le type de sexualité qui surgit dans notre esprit quand on entend ou voit le mot « SEXE » quelque part…
  • La sexualité tendre et romantique, celle qui fait que l’on se regarde dans les yeux. Celle qui, pour ceux qui l’ont réellement connue, surpasse le premier type. On y trouve une sorte d’expression de l’amour pour l’autre et il semble n’y exister que la perfection.  
  • Il y a également une sexualité qui semble émerger, mais, attention : pas sur le net. Je ne vous parle absolument pas d’une nouvelle mode mais plutôt, je crois, d’un stade qui s’atteint une fois que nous y sommes prêts. Ce type de sexualité est celui du désintérêt de soi et du désintérêt de la représentation que l’on se fait de l’autre. Je crois que le mouvement des années 70 avait laissé beaucoup de place et d’ouverture à ce type de sexualité en particulier. Une sexualité où l’on ne souhaite que le bien de son prochain (oui, je suis assez culottée pour utiliser le terme « son prochain » en parlant de sexe). Un partage de douceur, de sensualité, et une permission de se toucher bien au-delà des corps.

Très franchement, je ne connais que bien peu chacun des types, mais cela ne m’empêche pas d’éviter de croire en une sexualité meilleure à une autre. Je crois aux élans naturels qui proviennent de soi. Bien qu’aussi absurde que cela puisse paraître pour certain∙e∙s, je crois que nos élans pour un secteur, un sujet, un mode de vie nous sont inspirés par la vie elle-même, elle qui nous propose d’être passager∙ère∙s pour un voyage initiatique merveilleux.

J’ai utilisé le sexe pour vous parler aujourd’hui parce que je crois qu’il existe peu d’aussi bons exemples pour nous mettre sous le nez notre propension à juger.

Nous avons une dette énorme envers certains individus qui n’ont pas jugé. Des individus qui n’ont pas condamné. Des gens qui ont pris un œil plus scientifique, plus curieux, plus détaché de toutes préconceptions et qui à cause de ce CHOIX ont changé le monde pour nous libérer de nos préconceptions erronées.

Je vous aime.

Ne jugez rien de ce qui émane de vous.

 

 

Poésie, poésie !

Par Rachel Filiatrault

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Je me présente à vous en tant qu’artiste multidisciplinaire. Je touche surtout à la peinture et à l`écriture – dont la poésie. Chaque mois, je vous reviendrai avec un poète connu ou inconnu, québécois ou autre, avec aussi un poème de mon cru, en rapport ou non avec le dit poète.

Aujourd’hui, je viens de refermer le recueil « Les Contemplations » (1856) de Victor Hugo. Vous vous dites peut-être que cet auteur très connu et encensé des millions de fois par la critique n’a plus rien à rendre. Mais son œuvre colossale, voire titanesque, mérite bien notre lecture… encore.  C’est lui le grand interprète d’un mouvement qui révolutionnera le monde artistique et la manière de vivre des Français: le romantisme. Une façon d’écrire qui fit prévaloir le sentiment sur la raison, le rêve sur la réalité et l’imaginaire sur le sens critique.

Hugo donne aussi dans le théâtre, la politique et la philosophie. Il signe entre autres Notre-Dame de Paris (1831) et Les misérables (1862). Dans Les Contemplations, recueil écrit quelques années après la mort de sa fille aînée Léopoldine (1843), le thème presque entier tourne autour de la mélancolie : très beau livre où transparaît la mémoire d’une âme.

Critiqué, mal jugé ou pas, Victor Hugo demeure cependant un incontournable monument artistique que je salue très bas.

En terminant, voici un petit poème loin du génie de Victor Hugo, mais ayant un point en commun : l’amour de la nature.

 

Jaillissement vert des saules pleureurs

à l’ombre de l’eau

Chaloupe nonchalante

au miroir du ruisseau

 

Dans l’air, le pollen danse

La légèreté et les gouttes de soleil

éclatent leur limpidité

 

La blondeur échevelée d’un enfant à sa barque…

 

Et moi

dans les mousses soyeuses du sous-bois

je sens les mille et un parfums

de ce tableau champêtre

 

 

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Par Marie-Anne Bouygues

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En Inde comme au Québec, l’engagement humain est à notre portée

AU DÉPART

Tout commence par quelques chiffres, ceux de la combinaison gagnante à la loterie, choisis par Rachel Lapierre. Pour cette infirmière, s’impose alors l’opportunité de se consacrer à temps plein à sa fondation caritative, le Book humanitaire. Sa mission est ‘’simple’’ : contribuer au changement du monde, répondre aux situations d’urgence, en commençant par le Québec.

Une fois par an depuis une quinzaine d’années, elle part également en Inde, à Calcutta, ancien comptoir britannique où s’entasse plus de quatre millions d’habitants. C’est là que Mère Teresa (prix Nobel de la Paix en 1979) choisit d’implanter le centre de ses actions humanitaires.   

Rachel propose à tous ceux qui le souhaitent de l’y accompagner et de participer chaque jour à des actions simples et directes qui améliorent la vie des gens croisés.

Les moyens disponibles, bien que très éloignés des budgets de fonctionnement d’ONG internationales, apportent néanmoins une aide concrète : désinfecter les plaies, distribuer de la nourriture, de l’eau, apporter un peu de réconfort.

Le terrain d’action, c’est la rue. C’est là qu’il faut agir, impliquer, transmettre et éduquer. 

D’UN ENGAGEMENT À L’AUTRE

Nathalie Grandmont connaissait déjà ces actions, et un simple message sur Internet l’a convaincue de rejoindre Rachel. Lassée d’une carrière d’éducatrice qui ne lui laissait plus de contact direct avec les enfants, elle fait le choix du volontariat international pour servir les autres.

Nathalie va alors préparer son voyage, le financer et  solliciter les bonnes volontés autour d’elle, collectant tout ce qui pourra faire une différence une fois sur place.

En compagnie d’une quinzaine d’autres femmes, elle s’embarque pour ce long voyage vers un pays surpeuplé, à des milliers de kilomètres du Québec. Pendant 17 jours, elle agira, apprendra à modifier son regard pour mieux voir et s’imprégner d’une autre culture, une tâche énorme dans un pays si complexe.

L’INDE, DE L’ÉMOTION À L’ACTION

Depuis l’aéroport, sur la route qui mène au cœur de Calcutta, Nathalie perçoit ce qu’elle côtoiera chaque jour.

Son quotidien de travailleuse de rue révèlera une réalité cruelle : la misère, la mort, les gens qui dorment dans la rue, les enfants des rues abandonnés, les gens qui se nourrissent dans les dépotoirs, les blessures à soulever le cœur, les hôpitaux sordides et pourtant inabordables pour une grande partie de la population. Elle comprend instantanément que pour ceux qu’elle aidera, le quotidien n’est qu’une question  de survie.

LES JOIES

Au delà d’un fort sentiment d’impuissance, des joies existent, aussi intenses que les peines : celles des sourires, de la paix qui semble imprégner ces gens, de l’enthousiasme des enfants à qui elle offre une simple brosse à dent, le geste instinctif d’un enfant qui partage avec un autre un repas que l’on vient de lui offrir, la richesse de ces rencontres et le sentiment d’utilité. Les larmes et les regards échangés où les mots sont superflus, soulèvent encore en elle, à leur simple évocation, des vagues d’émotion.

ET APRÈS 

Nathalie avouera s’être retrouvée dans un profond vide à son retour et fortement troublée par le rempart d’indifférence. Elle sait, tout comme le Book humanitaire, que le pays dans lequel elle vit n’est pas exempt de misère. Un rapport alarmant publié en juin 2018 démontre que plus de 17% des enfants au Canada vivent dans la pauvreté dont 37% au sein des Premières Nations.

La misère est bien devant notre porte, et face à elle, il ne peut exister ni résignation ni fatalisme. Et si cette lutte-là passe par le cœur, s’il est clair que cela ne suffira pas, toute action menée est déjà une solution.

http://www.lebookhumanitaire.com et ses 4500 bénévoles

https://www.youtube.com/watch?v=D4V5Axu0swc

 

Élargir sa conscience

Par JOHANE FILIATRAULT

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Vous arrive-t-il de vous percevoir soudainement en lieu et place de ce vieil homme sans abri – il n’a peut-être que soixante ans, en fait, mais en paraît quatre-vingt, les ravages de l’isolement burinant son visage –, ou de cette jeune maman, migrante désespérée, ses petits à ses jupes, le regard inquiet, où on lit aisément les humiliations subies, les violences endurées ?

Il y a l’autre point de vue, bien sûr, celui des forces de l’ordre et des services frontaliers qui doivent composer avec ceux que l’on pourrait qualifier « d’envahisseurs de notre tranquillité publique ». Fermer les yeux pour ne pas voir le problème, ou critiquer sévèrement ces trouble-fêtes, semblent deux attitudes justifiées de notre part, simples citoyens que nous sommes. N’a-t-on pas, après tout, chacun notre lot de problèmes à gérer? Et puis d’ailleurs, que pourrait-on changer à de telles situations, complètement hors de notre contrôle ? Régler ce genre de crise ne relève pas de notre pouvoir, en effet.

Accueillir ces gens, ne serait-ce que dans notre mental, est cependant un excellent début de solution : élargir notre conscience pour ne pas nous piéger nous-même dans des jugements préconçus et souvent méprisants envers des êtres fragilisés par des drames inhumains, nous mettre simplement à la place de l’autre en nous posant la question « Comment je me sentirais, moi, au cœur de telles tragédies ? ». Nous serons dès lors surpris de la quantité de petits gestes, souvent tout à fait gratuits, qui sont à notre portée, que l’on pourrait poser jour après jour avec un minimum de courage et qui, oui, feront une différence dans la vie d’un-e immigrant-e ou d’un-e sans-abri.

Le maire de Québec faisait récemment une sortie publique pour dire qu’il était prêt à accueillir une grande quantité de nouveaux arrivants pour combler les très nombreux emplois laissés vacants dans sa ville, des postes dont les Québécois ne veulent plus pour toutes sortes de raisons. Vu sous cet angle, ne devrions-nous pas accueillir à bras ouverts ceux et celles qui fuient des conditions de vie intenables et qui cherchent un mieux vivre, prêts à commencer en bas de l’échelle pour réussir ?

Un petit exercice de mémoire nous aidera, en outre, à nous rappeler nos ancêtres, ces migrant-es courageux qui ont quitté leur monde connu dans l’espoir de léguer un avenir à leurs enfants. Quelle est la différence entre nos ancêtres et ces immigrant-es modernes ? En voyez-vous une ? Et que ressentent ces exclu-es de notre temps quand ils sentent nos regards peser sur eux ?

« Et si c’était moi ? » : se prêter régulièrement à cet exercice nous grandit, nous rend plus humain-e, moins prompt-e à juger. Critiquer à droite et à gauche et poser des jugements sans fondements me semble être devenu une pratique beaucoup trop répandue, au Québec, une pratique qui risque vite de devenir un facteur de destruction massive. Une conscience élargie, au contraire, tend à être un phare pour le monde. Choisissons notre camp !

 

La formule de l’intelligence réinventée

Par MIKAËL BEAUCHEMIN

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Bien que l’intelligence ait longtemps été définie par le quotient intellectuel, de récentes percées dans le domaine de la physique et de l’intelligence artificielle tendent à démontrer qu’elle serait plutôt régie par une toute autre formule.

F = T ∇ Sτ serait donc la nouvelle équation permettant de déterminer l’intelligence d’un individu, voire d’une machine. C’est le scientifique et entrepreneur américain Alex Wissner-Gross qui a fait cette découverte, et c’est sur ses recherches que se base cet article.

Mais que signifie cette formule et quelles applications pouvons-nous en faire?

Elle implique que l’intelligence est une force (F) tentant en toute situation de maximiser sa liberté d’action future (représentée par la lettre T). Le «S», pour sa part, représente la totalité des options possibles dans un certain laps de temps qui, lui, est représenté par «T».

Bien que tout ceci semble très complexe, il ne s’agit, en vérité, que d’une formule démontrant la capacité du cerveau à se garder le plus d’options et de portes ouvertes possibles dans le futur.

Cette équation a aujourd’hui été appliquée en de nombreuses circonstances et a permis de faire d’immenses pas dans le domaine de l’intelligence artificielle. En effet, l’application unique de cette formule dans un ordinateur permet à celui-ci d’apprendre par lui-même, sans qu’aucune instruction ne lui soit donnée.

De cette façon, dans un environnement simulé, un ordinateur est parvenu à comprendre les rouages de la Bourse et à faire fructifier un portefeuille en appliquant les principes de base de l’achat et de la revente de stocks. Son rendement est vite devenu exponentiel.

Il est donc maintenant possible pour l’humain d’insuffler l’intelligence à une machine et de lui permettre d’évoluer par elle-même.

Après avoir conquis la Bourse, l’ordinateur a réussi à créer un circuit d’exportations commerciales maritimes et ce, sans que les programmeurs lui aient demandé de le faire. L’équation a même permis à l’ordinateur de découvrir l’existence du canal de Panama et de s’en servir afin de raccourcir les déplacements des cargos.

 

Michael Moore : un missionnaire de l’amour

Par JUDY TÉTRAULT

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Je viens de terminer un film du cinéaste Michael Moore.

 

Vous savez, cet homme qui ressemble à un beignet coiffé d’une casquette et de lunettes. (Sachez que j’aime les beignets. Un beignet, c’est bon !)

 

Il produit et réalise des documentaires que je trouve très agréables à regarder. (Bon, d’accord : parfois un peu désagréables…).

 

Certains individus jugent Michael Moore et je pense qu’ils sont en droit de le faire.  Je sais que tout être humain agit à un moment ou l’autre d’une façon qui prête à la critique (que cela soit justifié ou non). Mais je reconnais à ce cinéaste le courage joyeux d’un homme qui clame et dénonce les injustices, qui appelle en nos cœurs à revendiquer ce qui nous revient.

 

Il m’apparaît comme un homme qui, oui, a ses défauts. (Vous entendrez d’ailleurs forcément quelqu’un le critiquer un jour ou l’autre.) Mais je ne vois pas quelles autres intentions peuvent se cacher derrière ces appels à la revendication, sinon de l’amour.

 

Je ne dis pas que c’est forcément son intention. Je dis que je ne vois pas autre chose dans ses motivations les plus profondes. Pour quelles autres raisons pourrait-on déployer autant d’énergie à dénoncer des abus faits à la population, à inciter tous et chacun à revendiquer ce qui lui revient, à croire en sa capacité à faire justice, sinon par amour pour ses semblables ?

 

Je l’avoue : je suis de ces âmes sensibles qui ont autrefois et encore parfois fait la faute de fermer les yeux, de presser le bouton «Stop» de ma télécommande ou de changer de canal afin de ne pas voir certains faits qui m’éprouvaient. Je croyais que cela s’appelait de l’optimisme. Je croyais que cela permettait de ne s’attarder qu’aux bonnes choses.

 

J’ai confondu mon déni bienveillant avec de l’optimisme.  

J’ai compris qu’il fallait apprendre à regarder l’injuste et l’oppresseur de la même façon qu’une mère accepte de regarder son enfant faire du mal à sa sœur afin de le reprendre et l’instruire.

 

Michael Moore me semble être celui qui ne prend peut-être pas le ton d’une mère, mais qui veut nous inciter à voir ce sur quoi nous fermons les yeux et ce, afin que nous cessions de nous en rendre victimes.

 

Pour moi, c’est cela, agir par amour. Et je crois qu’agir par amour est une bonne chose.

 

Écoutez Michael Moore et décidez ensuite. 

Merci.

Je vous aime. 

 

Lancement de Tsemantou Édition

Résumé de la conférence de presse du 14 mai 2018

Par MIKAËL BEAUCHEMIN

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La maison d’édition Tsemantou a ouvert officiellement ses portes le 14 mai dernier. L’entreprise, basée au Centre-du-Québec, vise à promouvoir la culture autochtone et la littérature québécoise et souhaite favoriser une large rencontre interculturelle.

 

C’est au Musée des Abénakis d’Odanak qu’a eu lieu le lancement, un choix qui, selon le porte-parole de la maison d’édition, David Beauchemin, s’inscrit dans la lignée d’actions visant à créer des liens entre la nouvelle entreprise et la communauté autochtone.

Lors de la conférence de presse, les trois premiers projets d’édition de l’association ont été soulignés.

La directrice, Johane Filiatrault, souhaite en effet publier les trois premiers ouvrages d’ici la fin de l’année. Il s’agira d’un roman, d’un recueil de poésie et d’un livre à caractère spirituel. Aucun détail n’a toutefois été donné.

De plus, la maison d’édition travaille actuellement avec l’auteur d’un manuel relatant l’histoire du peuple Abénakis. L’équipe espère être en mesure de publier l’essai en début d’année prochaine.

« Il s’agit d’un premier pas vers notre mission ultime. En publiant ce livre sur l’histoire de cette grande nation autochtone, on ouvre la porte aux auteur-es de toutes les Premières Nations et on espère que plusieurs autres embarqueront dans le projet », révèle Mme Filiatrault.

L’entreprise a aussi annoncé vouloir favoriser l’économie de la région en priorisant l’industrie locale lors de ses transactions.

La directrice de Tsemantou Édition désire également créer progressivement une communauté d’auteur-es où l’inspiration et l’échange seront valorisés. Elle souhaite offrir une approche éditoriale différente, afin que les auteur-es avec qui elle travaillera soient toujours au centre du processus.

Plusieurs auteur-es se sont déplacé-es pour l’occasion, démontrant un intérêt particulier pour la nouvelle maison d’édition qui vient de voir le jour.

La nouvelle plateforme en ligne de la maison d’édition a également été lancée en cette journée de premières. Il est donc dès maintenant possible d’obtenir plus d’informations sur l’entreprise et de déposer des manuscrits à partir de leur site web www.tsemantou.com.