Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Par Marie-Anne Bouygues

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En Inde comme au Québec, l’engagement humain est à notre portée

AU DÉPART

Tout commence par quelques chiffres, ceux de la combinaison gagnante à la loterie, choisis par Rachel Lapierre. Pour cette infirmière, s’impose alors l’opportunité de se consacrer à temps plein à sa fondation caritative, le Book humanitaire. Sa mission est ‘’simple’’ : contribuer au changement du monde, répondre aux situations d’urgence, en commençant par le Québec.

Une fois par an depuis une quinzaine d’années, elle part également en Inde, à Calcutta, ancien comptoir britannique où s’entasse plus de quatre millions d’habitants. C’est là que Mère Teresa (prix Nobel de la Paix en 1979) choisit d’implanter le centre de ses actions humanitaires.   

Rachel propose à tous ceux qui le souhaitent de l’y accompagner et de participer chaque jour à des actions simples et directes qui améliorent la vie des gens croisés.

Les moyens disponibles, bien que très éloignés des budgets de fonctionnement d’ONG internationales, apportent néanmoins une aide concrète : désinfecter les plaies, distribuer de la nourriture, de l’eau, apporter un peu de réconfort.

Le terrain d’action, c’est la rue. C’est là qu’il faut agir, impliquer, transmettre et éduquer. 

D’UN ENGAGEMENT À L’AUTRE

Nathalie Grandmont connaissait déjà ces actions, et un simple message sur Internet l’a convaincue de rejoindre Rachel. Lassée d’une carrière d’éducatrice qui ne lui laissait plus de contact direct avec les enfants, elle fait le choix du volontariat international pour servir les autres.

Nathalie va alors préparer son voyage, le financer et  solliciter les bonnes volontés autour d’elle, collectant tout ce qui pourra faire une différence une fois sur place.

En compagnie d’une quinzaine d’autres femmes, elle s’embarque pour ce long voyage vers un pays surpeuplé, à des milliers de kilomètres du Québec. Pendant 17 jours, elle agira, apprendra à modifier son regard pour mieux voir et s’imprégner d’une autre culture, une tâche énorme dans un pays si complexe.

L’INDE, DE L’ÉMOTION À L’ACTION

Depuis l’aéroport, sur la route qui mène au cœur de Calcutta, Nathalie perçoit ce qu’elle côtoiera chaque jour.

Son quotidien de travailleuse de rue révèlera une réalité cruelle : la misère, la mort, les gens qui dorment dans la rue, les enfants des rues abandonnés, les gens qui se nourrissent dans les dépotoirs, les blessures à soulever le cœur, les hôpitaux sordides et pourtant inabordables pour une grande partie de la population. Elle comprend instantanément que pour ceux qu’elle aidera, le quotidien n’est qu’une question  de survie.

LES JOIES

Au delà d’un fort sentiment d’impuissance, des joies existent, aussi intenses que les peines : celles des sourires, de la paix qui semble imprégner ces gens, de l’enthousiasme des enfants à qui elle offre une simple brosse à dent, le geste instinctif d’un enfant qui partage avec un autre un repas que l’on vient de lui offrir, la richesse de ces rencontres et le sentiment d’utilité. Les larmes et les regards échangés où les mots sont superflus, soulèvent encore en elle, à leur simple évocation, des vagues d’émotion.

ET APRÈS 

Nathalie avouera s’être retrouvée dans un profond vide à son retour et fortement troublée par le rempart d’indifférence. Elle sait, tout comme le Book humanitaire, que le pays dans lequel elle vit n’est pas exempt de misère. Un rapport alarmant publié en juin 2018 démontre que plus de 17% des enfants au Canada vivent dans la pauvreté dont 37% au sein des Premières Nations.

La misère est bien devant notre porte, et face à elle, il ne peut exister ni résignation ni fatalisme. Et si cette lutte-là passe par le cœur, s’il est clair que cela ne suffira pas, toute action menée est déjà une solution.

http://www.lebookhumanitaire.com et ses 4500 bénévoles