Et si Satan existait vraiment ?

Par Jeanne du Mont

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L’existence de Satan, une utopie ? Une fable remontant au Moyen-Âge ? Une conceptualisation sortie tout droit de quelque cerveau ultrareligieux et tordu ? Et s’il était possible de démontrer clairement son existence, qu’en diriez-vous ?

L’espèce humaine a jadis été soumise aux lois de l’instinct, à l’instar de tout le règne animal, obéissant à des stimuli hormonaux, olfactifs, saisonniers, ou autres, messages inscrits dans son génome et ordonnant sa conduite vers la survie de l’espèce : une période paradisiaque de son périple évolutif, un temps d’harmonie où le genre humain respectait intrinsèquement les lois naturelles; une ère sans histoire. Puis, progressivement, une nouvelle donnée s’est ajoutée à l’équation : nos semblables se sont laissé tenter par la liberté. Une expérience exaltante s’il en est, un exercice de haute voltige; un choix à très haut risque, en fait. Parce que qui dit « être libre » dit du même souffle « expérimenter la morsure du mal ». En effet, seul un dieu pourrait exercer sa liberté sans jamais commettre une erreur de jugement, sans jamais se laisser prendre par les jeux du pouvoir, du plaisir et de la convoitise ; un humain en est radicalement incapable, l’histoire nous le démontre tristement.

L’histoire nous démontre par surcroit une réalité plus effrayante encore : l’espèce humaine, d’un siècle à l’autre, va de plus en plus loin dans son expérience du mal. Tout se passe comme si, d’une génération à l’autre, le genre humain développait un peu davantage  – ou beaucoup plus, notamment au siècle dernier – un esprit machiavélique capable d’imaginer de plus en plus de ruses pour mal agir, causer du tort à son entourage et faire souffrir. Nous sommes, en ces temps, au summum de cette propension humaine à détruire tout ce que nous touchons : on n’a qu’à jeter un œil sur l’actualité pour s’en convaincre.

Malheureux humain que je suis ! Je fais le mal que je ne voudrais pas faire et je ne fais pas le bien auquel j’aspire[1] et ce faisant, j’œuvre à déconstruire le monde, à disloquer les corps et à détruire la beauté native de mon être même. Autodestruction assurée. Et puisque ce mouvement tend à s’amplifier de manière exponentielle, nul doute que nous soyons perdus en tant qu’humanité et que nous courions à notre perte… à moins que le diable n’existe.

Mais que vient faire le diable là-dedans, me direz-vous ? L’espèce humaine est tout à fait capable de se détruire par elle-même et elle se doit d’assumer la responsabilité de ses errances. Permettez-moi pourtant de démystifier un peu le personnage trouble qu’est Satan.

Procédons par analogie. Si Dieu est la matière noire qui emplit tout interstice de sa discrète et bénéfique présence, Satan – ou Lucifer[2] – est cette lumière trop crue qui expose nos dessous dans le but de nous avilir aux yeux d’autrui ou de nous accuser. Il est ce trait éblouissant qui aveugle notre entendement afin de mieux séduire, ce rayon laser biaisé qui peut aller jusqu’à brûler nos yeux, empêchant toute lumière d’entrer en nous. Une Puissance spirituelle dotée d’une intelligence remarquable qui a voué son existence à une chose : essayer de perdre l’espèce humaine dans le but de défier Dieu. Le machiavélisme excellemment structuré qui règne actuellement sur le monde pourrait-il en effet s’expliquer par la simple addition des déviances et appétits insatiables d’individus et de groupes humains plus ou moins interreliés entre eux ? Je le redis : s’il existe, ce Satan, une lueur d’espoir demeure pour l’humanité, sinon, tout est perdu. Parce que, s’il existe, nous avons un ennemi commun à vaincre et une saine lutte peut s’engager. Mais s’il n’existe pas, nous sommes notre propre ennemi et mieux vaut nous habituer dès maintenant au chaos fatal qui emportera l’espèce.

Une dernière analogie pour tenter de cerner cet ennemi sournois – lui qui gagne tellement à ce que nous ignorions son existence. Prenons deux insectes dotés chacun d’un dard : l’abeille à miel versus l’insecte piqueur. Dans le cas du piqueur (tique ou moustique), il siphonne notre substance vitale, notre sang, pour nourrir son propre organisme et faire croître son lignage : il use de nous pour son propre intérêt – tel le diable. Pour ce qui est de l’abeille, elle n’use de son dard[3] qu’en cas de menace pour la colonie et elle le fait dans un acte suprême de don de sa vie au service d’autrui – tel le Christ.

Êtes-vous étonné·e de savoir que, de nos jours, ici-même chez nous, la population d’abeilles soit en forte décroissance, et celle des tiques porteuses de virus, en croissance inquiétante ? « Car la création toute entière gémit maintenant dans les contractions de l’enfantement[4]. » En effet, « la création attend dans l’angoisse, aspirant à la révélation des fils et filles d’Elohîm[5]. »

Puisse-t-elle survenir, cette révélation, par notre foi et notre action commune, à vous et à moi !

 

Note de la rédaction : Jeanne du Mont est l’auteure du livre L’apocalypse décryptée, publié aux Éditions Tsemantou.

 

[1] Paraphrase de saint Paul, lettre aux Romains, chapitre 7, verset 19.
[2] Lucifer, un des noms donné au diable, est un mot qui, en latin, signifie « vedette du matin » ou « qui porte un flambeau »; Lucifer est tiré de « lux », signifiant « lumière ».
[3] Si les abeilles meurent après avoir piqué, c’est que leur dard prend la forme d’un harpon (alors que celui des guêpes est très lisse). Lorsque celui-ci s’enfonce dans la peau, nos chairs se referment littéralement sur lui et les crochets du harpon l’empêchent ensuite d’en ressortir. Pour s’échapper, l’abeille se voit alors contrainte d’abandonner sur place une partie de son abdomen contenant la glande à venin. Éviscérée, l’abeille est donc condamnée à mourir à plus ou moins court terme. (Tiré de futura-sciences.com)
[4] Lettre aux Romains, chapitre 8, verset 22.
[5] Lettre aux Romains, chapitre 8, verset 19.

 

 

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