Hymne à l’inspiration

Par Johane Filiatrault

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En tant qu’auteure, on me questionne parfois sur cette difficulté que l’on ressent quand il s’agit d’entrer dans un processus de création, le défi de transgresser ce que plusieurs ont décrit comme « le syndrome de la page blanche ».

Pour ma part, je résumerais ce défi en quelques mots : se placer soi-même dans un contexte de création. Choisir tout d’abord un moment, puis se placer dans cet environnement privilégié où la création, pour nous, devient possible. Ce qui suppose au préalable d’avoir repéré de tels lieux et de tels moments privilégiés : bien se connaître, donc. Avoir expérimenté que tel ou tel contexte, tel ou tel lieu ou telle ou telle personne, joue pour nous le rôle de muse et est capable de nous propulser dans l’univers béni qu’est la création, cet état intérieur de communion profonde à nos sources, de symbiose avec l’univers, d’harmonie intime et d’élan libérateur. Un état de grâce qui pacifie et rend heureux, une expérience faite de réceptivité et de don de soi : partager ce que je touche et ressens.

En ce qui me concerne, mon environnement idéal d’écriture se résume à peu de choses : d’abord, une solitude absolue où seul est admis l’homme de ma vie, ensuite, un décor bucolique où la nature tient la première place. Et si une étendue d’eau palpite sous mes yeux, se ride paresseusement ou reflète le ciel sur son étendue parfaitement lisse, je me sens réellement transportée dans un paradis d’écriture où tout devient possible. Alors que je ne savais absolument pas ce que j’allais écrire avant de m’installer là, les mots se bousculent soudainement au bout de mes doigts et prennent forme un à un sous mes yeux, m’emplissant de gratitude et d’un heureux état où se mêlent la fierté de l’accomplissement et la conscience de vivre un moment d’éternité unique, inaltérable.

Se placer en état de création est un acte thérapeutique et profondément spirituel : il pacifie l’humain et le hisse à un niveau supérieur. L’humain s’y trouve soudainement en son vrai lieu, conscient soudain qu’il accomplit là, en cet instant unique, ce pourquoi, ultimement, il a vu le jour sur cette terre. Un état d’être que je souhaite à tout humain de connaître.

La photo que je joins à cet article est prise sous le saule immense qui protège, enchâsse  et tempère un de ces lieux parfaits où écrire m’est facile, un de ces paradis sur terre où nulle prétention ne tient et où la nature entière se penche et s’épanche.

 

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